
Lecce, une ville peuplée de 95 004 habitants au dimanche 31 juillet 2022, capitale de la province éponyme faisant partie de la région des Pouilles, dans le sud de l’Italie, s’est dotée d’un réseau de trois lignes de trolleybus, dont la première a été ouverte le jeudi 12 janvier 2012, plus de onze ans après que l’idée de mettre en place un système de transport éco-compatible et électrique dans le centre historique a germé dans la tête des élus municipaux au mois de décembre 2000.
C’est en juillet 2003 que les élus municipaux optent définitivement pour la création d’un réseau de trolleybus devant comprendre trois lignes totalisant 25 km dont 19,5 Km sous lignes aériennes de contact et 5,4 km en fonctionnement autonome. Coût estimé du projet 25 M€, dont une partie sera empochée par des urbanistes et des consultants sans scrupules et même détournée à concurrence de 2,8 M€ vers des comptes ouverts en Suisse au nom d’une personne haut placée au sein de l’administration territoriale.
Les travaux commencent en janvier 2006 avec la bénédiction d’un évêque, mais au bout d’un certain temps, les habitants de Lecce se rendent compte qu’il y aura beaucoup plus de fils et de poteaux que prévu et que le système innovant qu’on leur avait promis n’est autre qu’un réseau classique de trolleybus, sans modification à la baisse du montant de la dépense et pour cause.
Les travaux avancent si lentement pour de multiples raisons, parmi lesquelles des suspensions de chantier imposées par la Surintendance du Patrimoine Culturel, l’équivalent de l’architecte des bâtiments de France, que la première ligne numérotée 29 ouvrira finalement le jeudi 12 janvier 2012, avec 1 200 jours de retard sur le calendrier initial et plus de 1 740 jours après la livraison du premier trolleybus de type A330T construit par le Belge Van Hool intervenue le 29 mars 2007.
La ligne circulaire en centre-ville, numérotée 30-31, est mise en service le samedi 2 février 2013 tandis que la troisième ligne numérotée 27 ne voit le jour que le dimanche 15 juin 2014.
Depuis l’époque de sa construction, l’infrastructure du trolleybus a toujours été très contestée par les habitants de Lecce : pour les coûts élevés de construction et d’entretien, pour l’inefficacité technique, pour la présence encombrante de câbles aériens dans les rues du centre historique. De plus, contrairement à d’autres villes italiennes équipées d’un réseau de trolleybus, à Lecce la fréquentation des lignes de trolleybus s’est avérée plutôt faible (650 passagers par jour sur les 3 000 attendus).
En 2017, après des années d’administrations de centre-droit, Carlo Salvemini, membre du Parti démocrate, est élu maire avec un programme prévoyant le démantèlement du réseau de trolleybus, jugé surdimensionné pour les besoins de la ville et donc économiquement insoutenable.
En août 2017, des négociations avec le ministère italien de l’Infrastructure et des Transports sont entamées pour décider des coûts et du calendrier du démantèlement des lignes aériennes de contact. Le ministère fait valoir qu’en raison de l’existence d’un prêt ayant contribué au financement du réseau de trolleybus de Lecce remboursable jusqu’en 2035, il n’est pas question d’envisager un abandon de ce mode de transport.
A partir de 2019, la balance penche en faveur des mobilités décarbonées. En effet, les nouvelles politiques de réduction des émissions de CO2 et donc de l’élargissement progressif des ZTL (Zona a Traffico Limitato) dans les centres-villes, imposent le renforcement des transports publics. Sur ce, l’administration Salvemini lance un nouveau projet aux termes duquel une seule ligne circulaire de trolleybus est maintenue avec des fréquences doublées, combinée avec de nouvelles lignes de bus radiales qui desserviront les communes voisines de manière capillaire, afin que l’offre de transport public réponde plus efficacement aux besoins des citoyens. Il est même question de commander de nouveaux trolleybus IMC (in motion charging) équipés de batteries leur permettant de circuler de façon autonome sur une distance de 10 km environ, le rechargement des batteries survenant au moment où le trolleybus circule perches levées sur des tronçons équipés de lignes aériennes de contact.
La restructuration du réseau de transport public de Lecce et ses environs s’est concrétisée le dimanche 12 juin 2022. Depuis ce jour-là les trolleybus sont opérationnels non seulement sur la ligne circulaire C2-C3 en centre-ville mais aussi sur la ligne M1 qui dessert la gare et le cœur même du centre historique.

Le parc roulant du réseau de trolleybus est composé à ce jour de 12 véhicules de type A330T Van Hool numérotés 001 à 012, livrées entre 2007 et 2012. Ces véhicules de 12 mètres de long, 2,55 mètres de large et d’environ 13 tonnes ont été conçus comme des bus entièrement surbaissés avec trois portes à double vantail. En plus des 27 places assises et 44 places debout, il y a aussi un espace dédié aux fauteuils roulants et landaus. Les douze véhicules sont entièrement climatisés et chacun d’eux est équipé d’un moteur auxiliaire diesel d’une puissance de 80 kW.






Info : Yvon Brument et Edouard Paris