9 juin 2023 – Contrairement à Tallinn, Montpellier Méditerranée Métropole sera forcée à étendre la gratuité des transports à toutes les personnes qui vivent en dehors de son périmètre


Selon Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole déléguée au transport et aux mobilités actives, la totalité des valideurs embarqués et ceux installés sur les quais d’une douzaine de stations de tramway sont voués à disparaître dès l’instauration de la gratuité des transports pour tous les habitants de la Métropole de Montpellier, le jeudi 21 décembre 2023 à 19h. Photo d’un valideur prise dans une rame Citadis 401 Alstom de la ligne 1, le vendredi 9 juin 2023. Copyright : Edouard Paris

A Tallinn où la gratuité des transports a été généralisée à l’ensemble de ses habitants le mardi 1er janvier 2013, tout un chacun, bénéficiant ou non de cette mesure, doit valider son titre de transport en montant à bord d’un bus, d’un tram, d’un ferry ou bien encore d’un train opérant dans les limites territoriales de la capitale estonienne. Chaque véhicule est équipé d’un ou plusieurs valideurs embarqués dont un certain nombre est doté d’un lecteur de code QR et/ou d’un dispositif de paiement avec une carte bancaire sans contact.

Ainsi qu’il a été précisé dans une précédente info mise en ligne le vendredi 26 mai 2023, les personnes qui ne peuvent pas prétendre aux transports gratuits à Tallinn, parmi lesquelles de très nombreux touristes, ont le choix entre acquérir une Smartcard à 2 € et la créditer d’un ou plusieurs titres de transport, acheter en ligne ou aux quelques distributeurs automatiques de titres de transport disponibles un ou plusieurs tickets affichant un code QR valables un an à partir de leur émission tant qu’ils n’ont pas été utilisés ou bien encore se servir de leur carte bancaire sans contact comme titre de transport.

Dans la Métropole de Montpellier, où la gratuité des transports sur le réseau TaM Montpellier 3M va être accordée à l’ensemble de ses habitants à compter du jeudi 21 décembre 2023 à 19h (quelle idée ?, note du webmestre), la totalité des valideurs embarqués et ceux installés sur les quais d’une douzaine de stations de tramway sont voués à disparaître selon Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole déléguée au transport et aux mobilités actives, interrogée récemment par le directeur en chef de la Gazette de Montpellier.

Toujours selon l’élue métropolitaine, à partir du jeudi 21 décembre 2023 tout sera dématérialisé : l’application M’Ticket TaM sera l’entrée principale pour le Pass gratuité réservé à l’ensemble des habitants de la Métropole et ces derniers n’auront plus à valider en entrant dans un bus ou une rame de tramway.

En l’absence de valideurs, qui n’ont jamais eu la capacité de lire le code QR d’un titre de transport dématérialisé TaM Montpellier 3M depuis le lancement de l’application M’Ticket TaM, le lundi 16 septembre 2019, le comptage des voyageurs à bord de l’ensemble des bus et des rames de tramway sera assuré par des capteurs montés au plafond des véhicules et positionnées dans l’axe des portes.

A la question du directeur en chef de la Gazette de Montpellier : « Comment se débrouilleront les voyageurs qui n’habitent pas la métropole pour valider leur ticket ? », Julie Frêche répond : « Sur l’application M’Ticket TaM» téléchargeable sur smartphone Android ou iPhone (encore faut-il avoir les moyens de s’en acheter un et de payer un abonnement auprès d’un opérateur mobile, note du webmestre), les personnes qui ne bénéficieront pas de la gratuité auront la faculté d’acheter tout titre de transport dématérialisé, du ticket à l’unité à l’abonnement mensuel ou annuel. »

Au dire de Julie Frêche, quelques distributeurs automatiques de tickets seront maintenus à la gare Saint-Roch, à la gare Sud de France et sur les gros pôles générateurs de déplacements. L’auteur de la présente info pense que les distributeurs automatiques disponibles à partir du jeudi 21 décembre 2023 pourraient être identiques aux bornes installées au cours de l’été 2019 à l’arrêt « Gare Montpellier Sud de France » qui ne délivrent à ce jour que des tickets papier un voyage affichant un code QR. Ces tickets ont une durée de validité d’une heure à partir de leur impression.

Photo prise à l’arrêt « Gare Montpellier Sud de France », le vendredi 9 juin 2023. Copyright : Edouard Paris

A la question « S’il n’y a plus de composteur, comment feront ceux qui ont acheté un ticket pour le valider ? », Julie Frêche déclare : « ils devront l’avoir sur eux pour le montrer en cas de contrôle. Et si vous avez pris un ticket dématérialisé avec l’application M’Ticket TaM, vous devrez justifier que vous avez bien effectué l’achat (et que vous l’avez bien activé avant de monter à bord d’un bus ou d’un tram, note du webmestre).

On le constate, Julie Frêche et les cadres de la société publique locale TaM misent à fond sur la dématérialisation des titres de transport alors qu’en Suisse il vient d’être démontré que pour les entreprises de transport public, l’offre numérique a aussi un côté négatif.

« L’augmentation du nombre de titres de transport numériques entraîne de plus en plus de cas de voyages sans billet valable », explique Thomas Ammann, porte-parole d’Alliance Swisspass. Les billets électroniques sont, par exemple, achetés alors que les voyageurs concernés sont déjà montés à bord du moyen de transport collectif ou les gens oublient tout simplement de les acheter. De son côté l’association Pro Bahn Schweiz, qui représente les intérêts des clients des transports publics, considère les billets numériques à la fois comme une bénédiction et une malédiction. Bien que, comme le note la présidente de Pro Bahn Schweiz, Karin Blättler, cette offre représente un réel confort, elle précise : le personnel de contrôle dans les transports publics ne devrait donc pas être réduit, mais au contraire augmenté. « Tout ce qui est numérique incite plutôt à un comportement peu sérieux ». Selon elle, il en va de même dans d’autres domaines de la vie quotidienne. Karin Blättler n’a pas non plus de compassion pour les passagers qui reçoivent une amende parce qu’ils n’ont pas su maîtriser l’application. Elle argumente que : « Ce n’est pas parce qu’on peut acheter son billet numériquement qu’il faut l’activer après le départ ou monter à bord avec une batterie de téléphone portable vide. Celui qui veut profiter des avantages du billet numérique a aussi la responsabilité d’utiliser l’offre conformément aux règles. » Pour leur part, les Chemins de fer fédéraux suisses recommandent aux clients disposant d’un billet électronique de toujours vérifier avant de monter dans le train si le billet a été téléchargé ou si le code QR est disponible.

Alors qu’en 2019, les usagers du réseau TaM Montpellier 3M n’étant pas domiciliés dans la Métropole auraient contribué à 10 % environ des recettes encaissées par l’exploitant du réseau de transport public, soit 3,9 M€, selon Julie Frêche, il serait sans aucune doute pertinent d’étendre la gratuité des transports à tout le monde comme l’ont déjà fait près de quarante réseaux de transport public français, au lieu de laisser durer une véritable usine à gaz dans laquelle 90 % au minium des usagers profiteront de la gratuité des transports et où près de 10 % d’entre eux devront continuer à régler un titre de transport dont l’obtention et l’utilisation ne seront pas simples. La gratuité des transports ouverte à tous ne serait que justice dans la mesure où des milliers de salariés vivant en dehors de la Métropole participent à la création de richesses au profit de cette dernière, mais sans aucune retombée positive en leur faveur. Pour ce qui est des touristes, il ne faut pas omettre que celles et ceux qui séjournent dans un hôtel ou dans une location meublée courte durée de type Airbnb dans une des trente-et-une communes de la Métropole sont assujettis au paiement d’une taxe de séjour.

Une généralisation de la gratuité des transports à tout le monde sur le réseau TaM Montpellier 3M, dès le jeudi 21 décembre 2023, permettrait de faire l’économie d’une brigade de près de 100 contrôleurs, en sorte que la future police des transports n’aurait pour seule mission que de lutter contre les incivilités non liées à l’absence de titre de transport. De même, la société publique locale TaM n’aurait plus à entretenir un système de billettique obsolète et à maintenir en activité un personnel pléthorique chargé de valider les demandes de Pass gratuité et leur renouvellement. De plus, la société de transport public pourrait ramener à une seule unité le nombre d’Espaces Mobilité permanents, celui de la rue Maguelone pouvant être largement suffisant. A l’instar de son homologue estonienne, la société publique locale TaM devrait utiliser une dizaine de rames de tramway comme supports de publicités commerciales, aussi bien à l’intérieur de chaque rame qu’à l’extérieur (pelliculage commercial intégral ou partiel) afin de faire entrer un minimum d’argent frais dans ses caisses.

Info : Edouard Paris

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4 Responses to 9 juin 2023 – Contrairement à Tallinn, Montpellier Méditerranée Métropole sera forcée à étendre la gratuité des transports à toutes les personnes qui vivent en dehors de son périmètre

  1. Tomi_C dit :

    Bonjour,
    je ne sais pas si ça a déjà été relevé, mais la rame 2015 dispose, depuis au moins quelques mois, certainement plus, de vitres noires sur les voussoirs au-dessus de toutes les portes, ce qui ressemblerait bien à un test pour le comptage de passagers.

  2. Eric12 dit :

    Bonjour,
    Pas convaincu que se soit légal d’imposer la possession d’un smartphone pour pouvoir bénéficier du pass gratuité.
    En plus l’appli m’ticket est inutilisable sur android sur certaines marques (oppo, vivo…) depuis septembre 2022, et malgré les nombreuses remontées sur google play store et les signalements, la tam n’en a strictement rien a faire.
    Donc non seulement il faut un smartphone, mais pas n’importe lequel, ils vont devoir fournir une liste de matériel compatible avec leur appli pourrie.

  3. PP dit :

    Vous avez dit improvisation ?

  4. Miguel dit :

    Julie Frêche a dit aussi qu’il resterait possible d’acheter un ticket dans un magasin (un bureau de tabac peut-être?). Mais comment le valider s’il n’y a plus de valideur? Et trouvera-t-on réellement les tickets dans les magasins, si les seuls clients potentiels sont des visiteurs occasionnels et non connectés?

    Un autre truc délirant, c’est la manière de valider le tarif P+Tram (le parking est bon marché uniquement si on prend le tram, et actuellement il faut pour cela présenter son ticket de tram validé). Julie Frêche annonce que ce sera exclusivement avec la géolocalisation sur l’appli smartphone M’Ticket.

    Ceci exclut donc:
    – les gens sans smartphone
    – ceux dont le smartphone est en panne ou déchargé
    – ceux avec un forfait sans données mobiles (comme Free 2€) ou dont les données mobiles sont inaccessibles ou inabordables en France (visiteurs étrangers hors UE ou ayant omis d’activer le « roaming » chez leur opérateur avant de quitter leur pays)
    – probablement ceux sans carte bancaire (car peut-on utiliser M’Ticket sans carte bancaire?)
    – ceux qui ne veulent pas installer sur leur smartphone une appli dont ils ignorent le niveau de sécurité et de respect de la vie privée (par choix personnel ou par politique décidée par leur employeur).

    Je doute moi aussi de la légalité d’un choix qui exclut autant de gens.

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