30 juillet 2019 – Le Français Navya arrête la production de ses navettes autonomes électriques


La première expérimentation en grandeur nature de la navette autonome électrique Navya a été lancée dans le quartier de la Confluence à Lyon, sur un trajet de 1,3 km le long des quais Arlès-Dufour et Rambaud, le vendredi 2 septembre 2016. Photo prise le mardi 6 septembre 2016 à la hauteur de la darse. Copyright : Yvon Brument

Coïncidence ou pas, deux semaines après l’annonce par l’établissement public Paris-La Défense de ne pas vouloir reconduire l’expérimentation menée avec les navettes autonomes électriques Navya en partenariat avec Île-de-France Mobilités et Kéolis, la société Navya, dont le siège est à Villeurbanne (Rhône), a décidé de revoir son modèle économique en arrêtant la production de ses navettes automatiques pour se recentrer sur l’intégration de sa technologie (logiciel et capteurs) dans des véhicules de manutention en zone aéroportuaire en collaboration avec le Français Charlatte Manutention basé à Brienon (Yonne).

L’établissement public Paris-La Défense a estimé, après deux années d’expérimentation, que l’objectif de passage en mode tout automatique des navettes n’a pas abouti. Les navettes autonomes sont jugées trop lentes et peu adaptées à l’environnement urbain du quartier de la Défense qui voit de nombreuses personnes transiter sur l’esplanade (source : usine-digitale.fr).

Il faut aussi ajouter que la société Navya a enregistré une baisse de son chiffre d’affaires de 32 % au premier semestre 2019 par rapport au premier semestre 2018 au cours duquel 36 véhicules avaient été vendus contre 18 au premier semestre 2019 (source : autoactu.com).

Pour enfoncer le clou, dans un article mis en ligne par Le Point, le mardi 2 juin 2019, intitulé « Navettes autonomes : gadget ou véritable transport de demain  ?« , le journaliste qui a testé la navette autonome Navya, sur une route située dans la zone aéroportuaire de Nantes-Atlantique, décrit son expérience dans les termes suivants :
« Dans le véhicule, qui peut accueillir jusqu’à dix passagers, il faut encore attacher sa ceinture, car le système n’est pas encore tout à fait au point et le freinage peut être brutal. Pour la sécurité de ce test au milieu de la circulation, les capteurs qui permettent à la navette de se déplacer dans son environnement restent très sensibles. Une voiture la double et elle pile sans crier gare. Même la végétation le long de la route, battue par le vent fort ce jour-là, embête la navette, qui détecte des obstacles et s’arrête. Malgré ces quelques imperfections à corriger, l’expérience reste impressionnante pour les quelques passagers présents à bord. La navette s’arrête au feu rouge, vérifie la priorité à l’approche du rond-point, navigue entre les camions… Pour permettre le test, il a tout de même fallu faire quelques aménagements : baisser la limitation de vitesse à 30 km/h sur la zone – la navette ne roule qu’à 18 km/h –, mettre des plots pour empêcher le stationnement gênant sur le bord de la route – la navette ne peut pas se détourner de sa trajectoire précise si un véhicule déborde, même d’un centimètre – ou encore installer un feu tricolore connecté, qui l’informe quand il passe au vert. Un trottoir recouvert de panneaux solaires sur 36 mètres carrés suffit à fournir l’électricité nécessaire pour recharger la navette chaque nuit, stockée dans un conteneur en bout de parcours. »

L’Etat français persiste à croire que les navettes autonomes électriques ont un bel avenir devant elles. Ainsi, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a dévoilé sur franceinfo, le mercredi 24 avril 2019, un plan visant à lancer les véhicules électriques sans conducteur sur nos axes routiers consistant en seize expérimentations réparties sur tout le territoire national pour un budget global de 120 M€, l’État prenant à sa charge 42 M€ (source : toulouse.latribune.fr). L’objectif affiché par le gouvernement est d’atteindre le cap du million de kilomètres effectué par des véhicules autonomes sur le territoire français d’ici 2022.

Il faut espérer que ce plan de développement des navettes autonomes électriques sur des routes de l’Hexagone ne se transforme pas en un fiasco monumental à l’instar de la route solaire inaugurée en grande pompe par Ségolène Royal au mois de décembre 2016.

Info : Louis Ferdinand

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3 commentaires pour 30 juillet 2019 – Le Français Navya arrête la production de ses navettes autonomes électriques

  1. C’est un énorme scandale. On veut supprimer des emplois en automatisant à outrance alors que l’on fait face à un chômage de masse. Le ridicule ne tue pas en France.

    De plus, il est évident que cela est en décalage avec les besoins de la population. Encore une innovation technologique dépourvue d’étude marketing. En revanche dans un aéroport, cela peut se justifier car la vitesse doit être réduite. Et encore, il faudrait que les navettes soient beaucoup plus grandes pour pouvoir emporter les passagers d’un A380…

  2. Miguel dit :

    Cette issue est une évidence dès qu’on prend en compte les questions de sécurité. Un ordinateur et ses capteurs associés, ça peut tomber en panne à tout moment, ou souffrir d’un bug. La seule chose qu’on arrive à faire de façon vraiment viable, c’est superviser ce qu’il fait, avec un autre ordinateur (en pratique, un microcontrôleur) qui vérifie si tout se passe normalement et qui coupe le système en cas de problème.
    Or, tout ne peut pas être « coupé en cas de problème ».
    Dans une voiture, ce n’est pas très grave si un airbag ne fonctionne pas, si l’ABS n’agit pas, si la direction assistée électrique ne fait rien: la voiture continue à fonctionner comme si tous ces systèmes n’existaient pas.
    Dans un avion, si le pilote automatique s’arrête, le pilote humain reprend la main. Par contre, s’il y a un mécanisme qui fait n’importe quoi et que le pilote ne peut pas désactiver (comme le système anti-décrochage des Boeing 737 Max) c’est dramatique, et ça justifie le blocage de ces appareils, plusieurs milliards d’euros perdus par Boeing à cause d’un tout petit système électronique.
    Dans un train ou dans un métro automatique, le frein se déclenche et le véhicule s’arrête sur sa voie.
    Mais dans une navette routière sur voie publique, il faut que l’arrêt soit immédiat, et donc violent, même si elle circule à toute petite vitesse: d’où les ceintures de sécurité.

    Sur une voiture autonome ce serait mille fois pire: à 90 ou à 130 km/h, si le superviseur s’aperçoit qu’il y a un problème, il ne pourra rien faire de pertinent. Arrêter la voiture en pleine voie sera dangereux pour les autres usagers. Et ça n’éviterait même pas la sortie de route, si la défaillance se produit dans un virage ou sur une route glissante. C’est ceci qui me fait penser que la voiture autonome ne sera jamais une réalité: de simples raisons techniques et de sécurité, et non les pseudo questions éthiques et règlementaires qu’on veut bien nous raconter.

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