27 avril 2024 – A San Francisco, face à la hausse de la fraude dans les transports, l’exploitant du réseau Muni va recruter 35 contrôleurs afin de porter leur nombre à 80 environ, soit presque autant que sur le réseau TaM Montpellier 3M


A San Francisco, la ligne F de tramway est exploitée avec des motrices vintage. Sur le boulevard The Embarcadero, la motrice PCC 1050 Class numérotée 1057, revêtue de la livrée Cincinnati, Ohio, est photographiée peu après la station équipée de quais décalés « The Embarcadero/Ferry Building », alors qu’elle circule sans voyageurs en direction de « The Castro », le vendredi 26 avril 2024. Copyright : Karine D

San Francisco, l’emblématique ville californienne peuplée de 808 432 habitants au recensement de 2022, dispose d’un dense réseau de transport public nommé Muni comprenant 83 lignes exploitées par la San Francisco Municipal Transport Agency (SFMTA), parmi lesquelles six lignes de métro léger, trois lignes de cable car à vocation touristique et tarification propre, une ligne de tramway opérée avec des motrices vintage, quatorze lignes de trolleybus, vingt-trois lignes de bus urbaines, cinq lignes de bus dites rapides dont une exploitée avec des trolleybus articulés, douze lignes de bus express, quatorze lignes nocturnes…

A la mi-mars 2024, le nombre moyen de voyages quotidiens sur le réseau Muni s’élevait à 482 160 contre 703 030 pour la même période de l’année 2019 qui a précédé les deux années de la pandémie de la COVID-19, soit une baisse de 31,4 % entre 2019 et 2024 et ce en dépit de l’instauration de la gratuité totale des transports 7J/7 pour tous les jeunes de moins de 19 ans depuis la mi-août 2021.

Photos prises à San Francisco, dans la partie nord-est de Market Street, le vendredi 26 avril 2024. Copyright : Karine D

Alors que le taux de fraude sur les lignes Muni s’établissait à 12,8 % en 2019, ce taux est estimé par la SFMTA à ce jour à 20,8 % environ. Face à cette réalité, la SFMTA envisage de recruter prochainement 35 contrôleurs supplémentaires pour porter leur nombre à 80 environ avec l’objectif essentiel de faire baisser la resquille consécutivement à leur prise de fonction.  

A titre de comparaison, l’effectif des contrôleurs sur le réseau TaM Montpellier 3M (4 lignes de tramway, 15 lignes de bus urbaines, 19 lignes de bus suburbaines, 5 lignes RésaTaM et 1 navette gare) s’élève à ce jour à 82 alors que la gratuité des transports s’applique pratiquement à 90 % des usagers, mais on peut être qualifiés de fraudeurs, bien que domiciliés dans la Métropole de Montpellier, si on n’est pas en mesure de présenter un Pass gratuité dématérialisé ou physique en guise de titre de transport ou à défaut un titre payant valide. Le délégué FO au sein de la société publique locale TaM, l’exploitant du réseau de transport public, exigerait que le nombre de contrôleurs atteigne les 120 et ce même en dépit du fait que l’effectif de la police métropolitaine des transports s’élèvera à 42 agents d’ici la fin du mois de juin 2024. De son côté, le directeur général de la SPL TaM estime à 400 000 le nombre de voyages comptabilisés quotidiennement sur le réseau de transport public de la Métropole de Montpellier dont la population vient de franchir la barre des 500 000 habitants.  

Info : Karine D et Edouard Paris

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5 commentaires pour 27 avril 2024 – A San Francisco, face à la hausse de la fraude dans les transports, l’exploitant du réseau Muni va recruter 35 contrôleurs afin de porter leur nombre à 80 environ, soit presque autant que sur le réseau TaM Montpellier 3M

  1. Miguel dit :

    Il y a bien longtemps (c’était en 1995), prendre le bus à San Francisco n’était pas difficile, puisque c’était le billet de 1$ qui servait de ticket (il y avait une machine qui avalait les billets). Formule toutefois risquée pour l’exploitant puisqu’elle rend difficile l’augmentation des tarifs (certains métros américains avaient connu le même problème à la lointaine époque où les tourniquets s’ouvraient avec la pièce de 10 centimes). Petit souvenir: voulant éviter le prix exorbitant (pour mes finances de l’époque) des navettes pour l’aéroport, j’avais pris un bus urbain qui passait pas trop loin de l’aéroport, moyennant quoi j’avais failli rater mon avion de retour en France après plusieurs mois passés en Amérique du Nord…

  2. zithumy dit :

    L’aire métropolitaine de San Francisco est de 9.665.887 habitants quand l’aire métropolitaine de Montpellier compte seulement 823.120 habitants en 2021. Cela signifie que proportionnellement le besoin de lutte contre la fraude est nettement plus important en France…

    • Miguel dit :

      Ça signifie uniquement que l’effort de répression contre la fraude est beaucoup plus élevée à Montpellier qu’à San Francisco.

      Et n’oubliez pas qu’il faut comparer, non pas au nombre d’habitants, mais au nombre d’usagers des transports.

      Un faible effort dans la répression peut s’expliquer de plusieurs manières:

      • une honnêteté spontanée des usagers (je crois deviner que c’est ce que vous suspectez). C’est quand même rare: les pays réputés naturellement très honnêtes (Suisse, Japon) ont des policiers à tous les coins de rue et une culture de la délation, comme quoi ce n’est pas aussi naturel que cela.
      • l’acceptation plus ou moins tacite d’un niveau de fraude élevé: c’est ce que suggèrait un article de mars 2023 sur San Francisco depuis la récupération post-Covid: https://missionlocal.org/2023/03/has-fare-evasion-on-sfs-muni-become-the-new-norm/
      • un calcul de rentabilité: les derniers % de fraudeurs coûteront très cher à réprimer et apporteront très peu de billetterie, l’optimum est lorsque le coût du contrôleur supplémentaire est égal aux recettes supplémentaires qu’il apporte en billetterie, pas forcément lorsque le taux de fraude est au plus bas.
      • une sanction très dissuasive qui fait que le risque pris par le fraudeur dépasse le gain espéré même avec une faible probabilité de sanction (au Portugal, l’amende est typiquement égale à 100 fois le montant du trajet)
      • des moyens technologiques rendant la fraude difficile, par exemple des portes ou tourniquets à l’entrée et/ou à la sortie du réseau: métro parisien (à l’entrée), RER parisien (entrée et sortie), etc… Je l’ai aussi vu sur les bus de La Corogne (La Coruña / A Coruña, en Espagne), mais ça ralentissait considérablement l’entrée des voyageurs. C’est souvent difficilement applicable dans les tramways, les bus, ou les trains dans les petites gares, et ça n’empêche pas toujours la fraude (passage de 2 personnes à la fois). Mais il y a clairement des systèmes plus difficiles à frauder (tourniquets), d’autres plus faciles à frauder au moins en partie (tarif dépendant du trajet mais absence de contrôle à la sortie, tickets pouvant être compostés plusieurs fois comme jadis dans les bus parisiens), jusqu’aux systèmes sans barrière où la fraude ne demande pas le moindre effort et où toute l’économie du système repose sur le contrôle.
      • le rôle du conducteur: un valideur qui fait un gros « bip » juste à côté du conducteur, et celui-ci qui est chargé d’aller chercher le contrevenant. Plus facile dans un bus simple que dans un tramway à 4 éléments. Dans les bus interurbains, la norme est que le chauffeur contrôle ou vend le ticket et que la fraude est quasi-impossible.
      • la pression sociale: aux Pays-Bas, si vous ne badgez pas à l’entrée et à la sortie du bus ou du tram, ça va se voir, et vos compatriotes qui financent le service avec leurs impôts et leurs billets seront très mécontents.
      • l’utilisateur de contrôleurs peu coûteux: en Allemagne, c’est un agent en semi-retraite et sans uniforme qui monte dans le véhicule et vous contrôle sans que vous ayez pu vous échapper. À Montpellier, c’est une équipe de 10 cowboys en uniforme: ça doit coûter plus cher.
  3. zithumy dit :

    C’est un secret de polichinelle que les tourniquets à Paris n’ont aucune efficacité de lutte contre la fraude. Pour certains pays qui ont un taux de fraude faible cela est lié au contrôle social et à la culture de la délation comme en Thaïlande par exemple. On aime ou on déteste, n’empêche que ça fonctionne…

    • Miguel dit :

      La délation n’est certainement pas très efficace dans ce domaine: l’infraction étant mineure, elle ne justifie pas la démarche de déposer plainte, et dans les grandes villes le témoin connaît rarement l’identité du fraudeur et il serait irréaliste de lui demander de dresser un portrait robot pour l’identifier. D’après ce que je vois du métro de Bangkok, c’est un peu pareil à Paris: il y a un portillon à la sortie, plutôt symbolique (on peut facilement le sauter), mais très facile à contrôler par un contrôleur, voire par une caméra qui filme le voyageur qui saute le portillon.

      Même si ça ne concerne pas vraiment ce domaine à mon avis, c’est vrai que la perception de la délation est très variable d’un pays à l’autre: très positive si on pense que la police est efficace et au service de tous (et qu’elle protège le citoyen délateur); inutile et dangereuse si on pense la police est inefficace, corrompue et de mèche avec les délinquants ou les mafieux; méprisable si la police s’est illustrée par la participation enthousiaste à une occupation ennemie et à un génocide ou si elle s’illustre par diverses discriminations et brimades. Inutile d’aller aussi loin que la Thaïlande: la perception est déjà totalement contraire en France et en Suisse.

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