
Le chemin de fer du Montenvers est une ligne de chemin de fer à crémaillère à voie métrique longue de 5,141 kilomètres, ouverte en deux temps, tout d’abord jusqu’à la halte de La Filliaz au km 4,301 à 1763 m d’altitude, le dimanche 9 août 1908, puis jusqu’au terminus actuel du Montenvers au km 5,141 à 1913 m d’altitude, le samedi 29 mai 1909.
Cette ligne, exploitée à ce jour par la Compagnie du Mont-Blanc, relie la ville de Chamonix-Mont-Blanc, dont la gare propre au chemin de fer du Montenvers est située à 1042 m d’altitude, au site du Montenvers qui offre un panorama grandiose sur le célèbre glacier de la Mer de Glace, les Drus et les Grandes Jorasses.


De 1908 à 1954, année de l’électrification de la ligne, les trains étaient exclusivement opérés par des locomotives à vapeur construites en Suisse par la Schweizerische Lokomotiv und Maschinenfabrik (SLM) à Winterthur, canton de Zurich, et des voitures à bogies construites également en Suisse par la Schweizerische Industrie Gesellschaft (SIG) à Neuhausen-am-Rheinfall, canton de Schaffhouse. La vitesse des trains à traction vapeur n’excédait pas les 7 km/h.


En 1954, avec l’introduction sur la ligne des quatre premières automotrices électriques de construction helvetico-française (SLM, Oerlikon et Décauville) et des quatre remorques à bogies construites par le Français Decauville, la fréquence des circulations a augmenté, la vitesse des compositions automotrice + remorque atteignant 20 km/h à la montée et 14 km/h à la descente. Ainsi le temps de parcours à la montée a pu être ramené à 20 minutes grâce à la traction électrique contre une heure avec la traction vapeur. En 1952, dernière année d’exploitation exclusivement vapeur, la fréquentation de la ligne s’élevait à 383 596 passagers. En 1955, première année d’exploitation électrique, la fréquentation a atteint 473 000 passagers.
La dernière des huit locomotives à vapeur, la n° 7 (année 1926), conservée dans le but d’assurer des circulations spéciales avec deux voitures historiques à bogies numérotées 6 (année 1923) et 21 (année 1907), a effectué son dernier aller-retour au Montenvers le dimanche 20 septembre 1981.
Sur la partie basse de la ligne, la voie a une pente de 118 ‰ puis s’incline à 219 ‰ sur la partie haute. Aux évitements des Planards et de Caillet, la pente est respectivement de 116 et 84 ‰. La voie est équipée d’une crémaillère d’origine suisse de type Strub sur toute la longueur de la ligne.
A ce jour, le parc roulant commercial du chemin de fer du Montenvers comprend six automotrices électriques helvético-françaises de type Bhe 4/4 numérotées 41, 42, 43, 44 (année 1954), 45 (année 1961) et 46 (année 1979). A chaque automotrice est attribuée une remorque non motorisée. Ces remorques à bogies sont numérotées 51 et 52 (année 1952), 53 et 54 (année 1954), 55 (année 1984) et 56 (année 1977). Les deux remorques les plus récentes ont été construites par l’entreprise Socofer à Tours. Les rames circulent toujours dans la composition suivante : automotrice à l’aval et remorque à l’amont.






La fréquentation de la ligne a atteint un sommet en 1990, année au cours de laquelle 1 008 305 passagers ont été dénombrés, sens montée et sens descente confondus. Le trafic s’est lentement effrité par la suite et a atteint un point bas en 2016 avec 650 669 passagers avant de repasser au-dessus de la barre des 800 000 en 2019, année où 833 693 passagers ont été comptabilisés. En 2020, la pandémie de la Covid-19 a fortement impacté la fréquentation du chemin de fer du Montenvers qui a chuté à 530 227 passagers. Les chiffres de 2021, année également marquée par la crise sanitaire, ne sont pas encore connus.
Dans un contexte de changement climatique et de recul du glacier de la Mer de Glace, la commune de Chamonix-Mont-Blanc a engagé depuis 2013 avec la Compagnie du Mont-Blanc, une réflexion pour revaloriser le site du Montenvers dans le but de redynamiser sa fréquentation. Le projet, d’un coût estimé de plus de 53 millions d’euros, a principalement pour objet de :
• relocaliser la télécabine d’accès à la Mer de Glace et à sa grotte, en déposant et évacuant la liaison actuelle mise en service en 1988 (avec ses gares amont et aval et les escaliers et passerelles) et en créant une nouvelle liaison plus en amont, sur le même versant ;
• construire un musée dénommé « Glaciorium » (« Centre d’interprétation international des glaciers et du climat ») sur l’emplacement de la gare amont actuelle de la télécabine, avec une passerelle reliant le musée à la nouvelle gare amont de la télécabine.
Actuellement l’accès à la grotte de glace, la principale attraction touristique, creusée chaque annnée dans le glacier de la Mer de Glace en contrebas du site du Montenvers, se fait par un sentier pédestre (compter une bonne vingtaine de minutes à la descente) ou en partie en télécabine. Les utilisateurs de la télécabine sont avisés que 580 marches séparent la gare aval de la télécabine de l’entrée de la grotte.
Info : Michel Bozzola et Edouard Paris
Magnifique reportage que je partage