
A Pau, le bus articulé à hydrogène 9005 Exqui.City 18 Van Hool est photographié à la nouvelle station terminus « Gare de Pau » de la ligne de bus à haut niveau de service F baptisée « Fébus », le jeudi 16 novembre 2023. Copyright : En passant par là
Moins de deux mois après l’inauguration en grande pompe du pôle d’échanges multimodal de la gare de Pau, le lundi 25 septembre 2023, la Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées a pris la décision de ne plus acquérir de bus à hydrogène à l’avenir.
Pionnière du bus à hydrogène à haut niveau de service avec sa ligne « Fébus », la collectivité territoriale a finalement choisi de s’orienter vers l’électrique. Un changement stratégique lié aux coûts de la technologie mais aussi aux progrès des bus à batteries.
Huit bus articulés à hydrogène à haut niveau de service fabriqués par le Belge Van Hool circulent depuis le mardi 17 décembre 2019 sur les 6 km de la ligne F baptisée « Fébus » du réseau Idelis, qui relie dans Pau l’hôpital François Mitterrand à la gare SNCF. Quatre bus standards du même constructeur, livrés en 2023 et affectés à d’autres lignes, complètent le parc de véhicules à hydrogène.








Photos prises le jeudi 16 novembre 2023 sur le site du nouveau pôle d’échanges multimodal de la gare de Pau opérationnel depuis le lundi 10 juillet 2023. Copyright : En passant par là
Dans un article publié le jeudi 9 novembre 2023 par la Gazette des Communes, Jérémie Neillo, chef d’exploitation des transports publics de la Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées, reconnaît qu’après plus d’un million de kilomètres parcourus et cinq millions de passagers transportés depuis la mise en service de la ligne Fébus, Pau a essuyé les plâtres et ajoute que la station de production d’hydrogène a plus de problèmes que prévu et admet que les bus ont plein de toutes petites pannes.
Si l’électrique avait été écarté au profit de l’hydrogène pour des questions d’autonomie et de capacités de rechargement, les progrès liés aux batteries conduisent la Communauté d’Agglomération à reconsidérer la technologie. Aujourd’hui, la Communauté d’Agglomération s’axe vers l’acquisition de huit bus électriques par an sur les dix prochaines années. « L’hydrogène serait trop lourd à gérer » déclare Jérémie Neillo.
Si à Pau les bus à hydrogène continuent de circuler, il n’en est pas de même sur la première ligne de France exploitée dès novembre 2019 avec des bus standards à hydrogène du constructeur français Safra, entre Bruay-la-Buissière et Lillers dans le Pas-de-Calais. Les six bus à hydrogène sont repartis à Albi chez Safra après la constatation d’une nuisance sonore de 90 décibels, soit l’équivalent du bruit d’une tronçonneuse ou d’une tondeuse à gazon.
« Mais si encore il n’y avait que ça« , déclare un conducteur, « on n’a eu que des problèmes avec ces bus : des postes de conduite non adaptés, des tableaux de bord éblouissants, un éclairage trop important, etc. » Des soucis qui ont été gérés petit à petit expliquent les responsables du réseau Artois Mobilités. Mais les conducteurs pointent du doigt des problèmes plus graves.
Malgré tous les déboires, Artois Mobilités entend lancer un appel d’offres portant sur la commande de 4 nouveaux bus à hydrogène, selon France 3 Pas-de-Calais Hauts-de-France dans une info mise en ligne le mardi 17 octobre 2023.
Les bus à hydrogène ne sont pas les seuls véhicules à poser des soucis. En Allemagne, le Land de Basse-Saxe renonce à commander de nouvelles rames Coradia iLint Alstom à hydrogène, un an après la mise en service commercial de cinq d’entre elles au mois d’août 2022 sur une ligne ferroviaire du réseau régional exploité par Landesnahverkehrsgesellschaft Niedersachsen mbH (LNVG).
Fini l’hydrogène jugé moins rentable que l’électrique, selon sa dernière étude de marché. LVNG continuera de réduire progressivement le parc roulant diesel – la fin est prévue pour 2037 – mais déploiera dorénavant des trains électriques. Son prochain appel d’offres concernera 102 trains et l’électrification complète de la ligne Osnabrück – Oldenburg, à l’ouest de Brême et de Hanovre.
Trop cher le train à hydrogène ? Oui, et même jusqu’à 80 % plus cher que les options électrifications des lignes et train hybride à batteries, selon la conclusion d’une étude commandée par un autre Land allemand, le Bade-Wurtemberg, au sud-ouest du pays.
Des études que la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée devrait absolument prendre en compte alors qu’elle a l’intention d’exploiter la ligne ferroviaire reliant Montréjeau – Gourdan-Polignan à Luchon, longue de 35,6 km, dont les circulations sont suspendues pour des raisons de sécurité depuis le mardi 18 novembre 2014, au moyen de rames bimodes à hydrogène à partir de 2025, après rénovation totale de la ligne pour un coût de 67 M€ intégralement pris en charge par la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée propriétaire de l’infrastructure depuis le mardi 4 avril 2023.

Photographie de la gare de Luchon (Haute-Garonne), côté quais et voies ferrées, le mercredi 31 août 2022. La gare est ouverte côté cour d’où partent et arrivent des cars TER liO, mais elle n’est plus desservie par les trains depuis le mardi 18 novembre 2014. Copyright : Edouard Paris
La présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, Carole Delga, ne jure que par l’hydrogène, vert de préférence, quoi qu’il en coûte. Cet été, la Région précitée a fourni six vélos à hydrogène à l’office de tourisme du Pays du Roquefort en Aveyron et la station de recharge d’hydrogène qui va avec. Chaque vélo Alpha fabriqué à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) par Pragma industries pèse près de 30 kg et coûte 7 000 €. Le prix d’une station dédiée à la seule distribution de l’hydrogène avoisine les 50 000 €. Selon un conseiller régional très enthousiaste « le vélo à hydrogène est l’un des éléments de mobilité douce qui est amené à se développer dans les années à venir. Il y a un potentiel de développement industriel et d’emploi autour du vélo à hydrogène. »


Photos prises sur le trottoir et le parking de l’office de tourisme de Roquefort-sur-Soulzon(Aveyron), le vendredi 18 août 2023. Copyright : Michel Bozzola
Info : En passant par là, Michel Bozzola et Edouard Paris
Alors le coup du vélo à hydrogène, je ne m’y attendais pas. La technologie des vélos à assistance électrique utilisant des batteries est déjà mature et cela coûte nettement moins cher. Leur autonomie est très amplement suffisante pour les trajets du quotidien (le mien varie entre 50 et 90 km en fonction du niveau d’assistance). Ils feraient mieux d’utiliser la production d’hydrogène vert pour les usages industriels où l’on ne peut pas se passer d’hydrogène, ça sera nettement plus intéressant en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cela confirme que Montpellier a fait le bon choix pour ses BHNS, c’est une bonne chose d’avoir remis en cause le choix initial !