21 mai 2024 – A Montpellier, le pouvoir de la gratuité vide les caisses de la société publique locale TaM


La gratuité des transports coûte un bras, mais Montpellier et Méditerranée Métropole et TaM Montpellier 3M s’offrent une nouvelle campagne d’affichage onéreuse reprenant les codes graphiques de mai 1968. Photo prise dans la rue d’Alco à Montpellier à proximité de la station « Pergola » propre à la ligne 3, le mardi 21 mai 2024. Copyright : Edouard Paris

A Montpellier, le pouvoir de la gratuité vide les caisses de la société publique locale TaM, un état de fait qui n’effraie sans doute pas son directeur général d’origine montpelliéraine, habitué qu’il était au déficit chronique et abyssal de SNCF Intercités, dont il était le directeur finance contrat et juridique jusqu’à sa prise de fonction chez TaM, le lundi 15 mai 2023.

Le jeudi 14 mai 2024, dans un dossier de presse de 20 pages, Montpellier Méditerranée Métropole fait un premier bilan de la gratuité des transports 7J/7 applicable depuis le jeudi 21 décembre 2023 aux seuls habitants du territoire métropolitain détenteurs d’un Pass gratuité, les non-résidents étant privés de la mesure, une exception unique en France eu égard aux quarante-trois réseaux de transport public français qui accordent la gratuité 7J/7 à tout le monde sans aucune réserve.

Sans surprise, la fréquentation sur le réseau TaM Montpellier 3M a augmenté de 23,7 % au premier trimestre 2024, si on la compare à celle enregistrée au premier trimestre 2019 prise pour année de référence. Les rames des lignes 1, 2 et 3 de tramway et les bus de la ligne 15 étant archipleins aux heures de pointe, et ce bien avant le jeudi 21 décembre 2023, l’augmentation n’a pu être observée qu’aux heures traditionnellement creuses. L’auteur de la présente info, mais il ne doit pas être le seul, remarque régulièrement qu’un certain nombre d’usagers montent dans le tram à une station pour en descendre dès la suivante.

La gratuité des transports a-t-elle convaincu des cyclistes d’être moins fidèles à leur vélo ?  Difficile de le savoir à la lecture du dossier de presse compte tenu du fait que l’augmentation journalière de la pratique du vélo dans Montpellier (+ 17,2 %) résulte de la comparaison de chiffres de 2022 et de 2023 sur 38 points de mesure comparables et non pas sur une comparaison de chiffres du premier trimestre 2023 et du premier trimestre 2024 sur ces mêmes points de mesure.

Selon le dossier de presse, la gratuité des transports enrayerait le développement du trafic routier, ce qui laisse supposer que ce dernier n’a pas diminué depuis le jeudi 21 décembre 2023, ainsi que le constate quotidiennement le collectif des 4 boulevards à Montpellier.

En bas de page 17 du dossier de presse, il est écrit : « Comme prévu, ces premiers mois de mise en place de la mesure démontrent que les projections en termes de billetterie se révèlent exactes : les recettes des ventes se maintiennent à un bon niveau : 500 000 euros par mois, soit 30 % des recettes maintenues. »

En 2019, les recettes dégagées par la vente de titres de transport se sont élevées à 38 871 221,47 euros HT, selon le bilan financier 2019 publié par la SAEML TaM, disponible sur le site entreprises.lefigaro.fr.  Si en 2024 les recettes s’élèvent à 500 000 euros HT par mois, soit un total de 6 000 000 d’euros HT sur l’année, ce dernier montant ne couvre que 15,44 % des recettes enregistrées en 2019, soit presque la moitié du pourcentage indiqué au paragraphe précédent. Il est vrai que la vice-présidente au sein de Montpellier Méditerranée Métropole, déléguée au transport et aux mobilités actives, s’accorde généralement une marge d’erreur de 50 % au minimum, mais là on frise les 100 %.

Info : Edouard Paris

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Un commentaire pour 21 mai 2024 – A Montpellier, le pouvoir de la gratuité vide les caisses de la société publique locale TaM

  1. Miguel dit :

    Je ne pense pas que la gratuité incite les cyclistes à prendre le tram: quand on est à l’aise à vélo, c’est difficile de renoncer à sa rapidité et à sa fiabilité, bien supérieure à celle du tram. Mais elle peut dissuader des nouveaux usagers de se mettre au vélo, où de l’utiliser dans des situations dont ils n’ont pas encore l’habitude (sous la pluie, en périphérie, la nuit, pour un long trajet…). Elle incite certainement des piétons à prendre le tram. Je constate un afflux de lycéens et collégiens descendant du tram à Rondelet (pour aller à Clemenceau): bien sûr c’est mieux que d’être déposés en voiture, mais sans doute que beaucoup d’entre eux pourraient venir à pied ou à vélo, ce qui leur ferait du bien.

    Il est stupéfiant de voir qu’ils ne disent pas un mot des problèmes insolubles rencontrés par les visiteurs, poussés à emprunter le tram mais quasiment empêchés d’acheter un titre de transport, ou qui en achètent plusieurs avant de comprendre qu’ils sont immédiatement périmés, sans parler de la situation inextricable de ceux qui veulent utiliser les parkings P+tram, comme évoqué ici plusieurs fois.

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