En ce moment, je me sens un peu d’humeur chafouine, comme un complotiste devant son clavier. Et pourtant j’ai de bonnes raisons, de nombreuses raisons pour me retrouver dans cet état.
Il y a peu de temps, alors que je faisais « café du commerce » avec le webmestre, nous nous interrogions sur la L5, à savoir sa pertinence alors qu’il reste tant à faire en matière de transport urbain à Montpellier, des priorités bien plus nécessaires comme la desserte de l’ouest de la métropole jusqu’aux confins de Pignan, le prolongement de la L3 jusqu’à la mer, la desserte de la gare Sud de France malgré son inutilité flagrante, etc.
Bien sûr, pour commencer, je ne vais pas accabler la calamiteuse gestion municipale de Philippe Saurel car cela me mènerait rapidement vers les tribunaux mais le cœur et la raison y sont. Ce triste clown a passé le temps de son mandat à ne penser qu’à sa réélection.
La gratuité, la L5 qui passe de 350 à près de 500 M€ selon Julie Frêche, me font douter de la raison des personnes une fois élues. Et voilà qu’arrive le mercredi 9 décembre 2020, jour où le maire de Montpellier et président de la Métropole, Michaël Delafosse, annonce la commande de 77 nouvelles rames livrables entre 2024 et 2030 !!! Ce qui est le plus important dans ce coup de com » c’est « … le plus gros appel d’offres sur le territoire national en matière de transport collectif… » toujours à penser qu’à Montpellier on est les meilleurs et les autres des cons et cela depuis 1977, l’année où feu Georges Frêche a pris les commandes de la ville de Montpellier.
Bien oui, il fallait une annonce fracassante pour voler la vedette à Toulouse distinguée la veille par la remise du Pass d’or des mobilités décerné annuellement par le magazine Ville et Rail et Transports, Montpellier ne recueillant même pas un petit accessit manière de faire semblant d’être classée.
Commander 77 nouvelles rames pour un montant espéré de 275 M€, alors que tous les emprunts des lignes 1 à 4 sont loin d’être remboursés, conduira inexorablement à un surendettement que les contribuables de la Métropole paieront cher un jour ou l’autre. Sur ces 77 rames, 22 sont promises à la L5 dont la partie nord-est serait mise en service en 2024. Reste 55 rames pour quoi faire ? 30 remplaceront progressivement les 30 rames Citadis 401 de la L1, comme si au bout de 20 ans, leur âge actuel, ces dernières étaient déjà obsolètes. Quant aux 25 autres rames, elles constitueraient une réserve dans l’hypothèse où la gratuité généralisée boosterait de façon exponentielle la fréquentation du réseau de tramways montpelliérain. Des idées pareilles, tellement démesurées, ne peuvent être imaginées que par des personnes qui n’ont plus les pieds sur terre.
Aussitôt, je pense aux 502 motrices de la série 1500 Peter Witt de Milan construites de 1927 à 1930, dont près de 140 unités sont encore opérationnelles à ce jour et dont leur retrait interviendra progressivement à partir de l’an prochain, en 2022. Je pense également aux rames articulées à deux caisses (Be 4/6) construites par ACM Vevey/Duewag/BBC, mises en service à Genève entre 1984 et 1989, intégralement révisées entre 2006 et 2009, qui devraient circuler jusqu’en 2030.
Pour revenir à la France, les 46 rames Alsthom de Nantes, livrées entre 1984 et 1994, quitteront progressivement la scène à compter de 2022, tandis que 38 rames TFS Alsthom de Grenoble livrées entre 1986 et 1992, qui ont fait l’objet d’une rénovation poussée de 2013 à 2017, ont notamment permis de doter la ligne E, dont le 1er tronçon a été inauguré le samedi 28 juin 2014 et le second le samedi 13 juin 2015, d’un matériel roulant performant apte à circuler une quinzaine d’années supplémentaires sur les lignes A, C, D et E du réseau de tramway grenoblois, le Syndicat Mixte des Transports en Commun (SMTC) ayant privilégié la rénovation et la modernisation à l’achat de nouvelles rames.
Mais tout n’est pas perdu !!! Monsieur le prof d’histoire, maire de Montpellier depuis la fin juin 2020 et président de la Métropole depuis juillet de la même année, indique réfléchir à donner un nouvel usage aux rames Citadis 401 Alstom appelées à prendre une retraite anticipée sous prétexte qu’elles sont déjà à bout de souffle après deux décennies au service de la ligne 1, leur livrée bleue aux hirondelles les condamnant à circuler exclusivement sur cette ligne très fréquentée.
Je vous l’avoue, cela me plonge dans un abîme de ténèbres : « Il y a plein d’artistes qui ont déjà des idées » déclare Michaël Delafosse. On ne leur a encore rien demandé, mais ils ont déjà des idées, sans doute une idée du chèque en euros qu’ils pourront toucher. Si c’est pour les payer aussi chèrement que les livrées des rames qui circulent actuellement et puis cochonner leurs œuvres par des logos du plus mauvais effet, il vaut mieux s’abstenir. Tous les citoyens de la Métropole, mais aussi de la Région Occitanie, du Département de l’Hérault et de la France entière savent très bien que ce ne sont pas les Chinois ou les Papous qui ont subventionné la construction des lignes du réseau de tramways montpelliérain, mais leurs impôts. Michaël Delafosse confond artistes et ferrailleurs, à moins qu’il arrive à vendre ces rames à l’instar des élus de Rouen qui ont joué un sale tour aux contribuables en bradant à la Turquie 28 rames TFS Alsthom, identiques à celles rénovées à Grenoble, pour 186.000 euros l’exemplaire en 2012 après seulement 18 ans de service.
Bien que l’endettement de la France, comme bien d’autres pays d’Europe du Sud, explose, les élus de Montpellier Méditerranée Métropole, si mal élus eu égard au faible taux de participation constaté lors du scrutin des dernières élections municipales, se lancent dans des dépenses inconsidérées alors que la crise sanitaire, économique et sociale découlant de la pandémie de la Covid-19, dont il est bien difficile de prédire l’issue, devrait les rendre nettement plus prudents dans leurs décisions.
C’était déjà perceptible au cours du mandat municipal précédent, tous ces élus sont arrivés, suivant le Principe de Peter, à leur plus haut niveau d’incompétence (Le Principe de Peter, Peter et Hull 1970).
Info : Michel Bozzola
Bonjour et meilleurs vœux 2021 – En lisant avec attention cet article (bien rédigé), je ne peux qu’être d’accord avec son contenu.
Bonjour Georges,
Une Bonne année 2021 et surtout une Bonne santé.
Cordialement
Edouard Paris
Meilleurs Voeux également à tous les visiteurs fidèles du blog.
L’équipe des correspondants de tramwaydemontpellier.net
Très bonne réflexion, à ma connaissance aucun matériel ferroviaire n’a été radié au bout de trente ans de service. Tout au plus une opération mi vie est effectuée au bout de 20 à 25 ans de service. Nos élus montpelliérains seraient inspirés de faire un petit tour en gare St Roch, et devraient se faire expliquer comment les intercités de la transversale Sud sont assurés quotidiennement avec des rames CORAIL rénovés mises en service pour les premières d’entre elles en 1975, tractées par d’honorables BB7200 d’Alstom mises en service entre 1967 et 1974. Ces trains circulent tout de même entre Marseille et Bordeaux et V.V. à 160km/h. Donc le matériel ferroviaire est très robuste, et si bien entretenu : fiable!
Quant à la gratuité des transports, toute métropole du monde occidental y a renoncé pour une question de coût, ou juste limité à l’hypercentre comme à Melbourne. Ce n’est là qu’une résolution électorale, pour les prochaines élections, qui n’apportera rien de plus à l’attractivité des transports en commun à Montpellier.
Salut Édouard,
je ne peux que partager le sentiment de Michel. Comment pourrait-il en être autrement face à cette débauche de fric (le notre bien sûr).
Bonjour,
Je suis entièrement d’accord avec vous.
Mais je me demande, quelle est la véritable raison qui justifie la radiation précoce des rames du T1 ? Car celle qui a été donnée par Delafosse ne peut pas être la vraie raison.
Ces rames auraient-elles des problèmes techniques ou structurels… ?
Cordialement